Comment prévenir l’utilisation problématique des nouvelles technologies ou les ennuis ?

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Par Dre Marie-Anne Sergerie, Ph.D., psychologue spécialisée en cyberdépendance

La prévention auprès des jeunes est un aspect primordial à considérer. En effet, pour les adolescents d’aujourd’hui, les nouvelles technologies comme Internet ont toujours été présentes (ou presque) dans leur vie. Ils ont grandi avec elles. Ils sont ce qu’on appelle des « natifs » du numérique. Bien que les adultes utilisent couramment les nouvelles technologies, le lien qu’ils entretiennent avec ces dernières s’avère différent du lien que les adolescents vont entretenir.

L’éducation des adultes auprès des jeunes en ce qui concerne l’utilisation des nouvelles technologies doit comprendre plusieurs aspects et commence dès l’entrée à l’école (et même plus tôt pour certains). Les écoliers sont à présent rapidement initiés aux nouvelles technologies. Voici donc quelques conseils.

L’utilisation d’un logiciel de contrôle parental est un bon point de départ. Windows 10 offre gratuitement différentes fonctionnalités de surveillance. Il est notamment possible de bloquer des applications, des jeux ou des sites web spécifiques en plus de fixer des limites de temps passé devant l’écran. D’autres logiciels comme Net Nanny peuvent être installés.

Avec la popularité des tablettes et des outils technologiques mobiles, les experts se se sont questionnés à savoir quel était le temps d’utilisation recommandé chez les enfants. Les premières recommandations de l’Académie Américaine de Pédiatrie (APP) stipulaient que les enfants âgés de moins de deux ans ne devraient pas passer de temps devant les écrans et que ceux âgés de deux à cinq ans devraient passer moins d’une heure par jour devant les écrans. Avant deux ans, l’apprentissage des enfants s’effectue mieux lorsqu’ils sont en interaction avec une autre personne. Entre deux et cinq ans, il est préférable de privilégier le jeu libre, les activités physiques et les interactions familiales et sociales pour favoriser le développement des enfants.

En septembre 2015, l’APP a révisé ses recommandations en soulignant plutôt l’importance d’encadrer adéquatement l’utilisation des écrans dans la famille. L’APP précise que le temps passé devant les écrans ne devrait pas remplacer les autres activités primordiales au développement (comme les activités physiques, sociales et familiales) et que des limites claires d’utilisation des écrans devraient être fixées aux enfants par les parents afin de favoriser le développement de saines habitudes de vie et d’une utilisation responsable. Les parents ont aussi le mandat de bien choisir le contenu auquel les enfants sont exposés. En ce sens, il est préférable de privilégier les applications à vocation éducative et les expériences actives, créatives et favorisant les interactions sociales. En 2016, l’APP a encore publié de nouvelles recommandations (pour lire le billet). Edululu est un site web qui permet de guider les parents dans le choix des applications éducatives. Les applications sont évaluées par des enseignants, des parents et des experts du web.

Les jeunes doivent être sensibilisés aux conséquences du dévoilement d’informations personnelles et à l’importance de l’intimité. Dès qu’une information, un texte, une photo ou un fichier vidéo est publié en ligne, le retour en arrière est impossible! Le caractère « permanent » de certaines informations dévoilées et diffusées peut donc être néfaste à long terme. Avant de publier quelque chose en ligne, il importe que l’internaute se demande comment il se sentirait si ses parents, sa famille, ses amis ou la ou les personnes concernées avaient accès au contenu diffusé et quelles conséquences cette diffusion peut-elle avoir à court, moyen et long terme ? Ces questions permettent de modérer ses propos et prendre du recul par rapport au contenu diffusé puisqu’il est possible de retrouver un effet de désinhibition dans les communications médiatisées par ordinateur, ce qui amène certaines personnes à divulguer des choses en ligne qu’ils ne dévoileraient pas nécessairement en réalité (Suler, 2004).

Les parents doivent s’informer auprès de leurs enfants des usages qu’ils font. La communication avec l’enfant est donc primordiale. Quels sites fréquentent-ils ? À quels jeux jouent-ils ? Combien de temps passent-ils en ligne ou à jouer à des jeux vidéo ? Avec qui communiquent-ils (par l’entremise du clavardage, du courriel ou des réseaux sociaux) ? De quoi parlent-ils ? Comment choisissent-ils leurs mots de passe ? L’idée n’est pas de les espionner, mais plutôt de les superviser. Trop de parents s’imaginent que leurs enfants sont en sécurité parce qu’ils sont à la maison. Même à la maison, ils ne sont pas à l’abri de la cyberintimidation des camarades de classe ou des cyberprédateurs sexuels. Les parents peuvent ainsi accompagner leurs enfants dans leurs différentes utilisations.

Face aux nouvelles technologies, il peut arriver que certains parents soient paniqués ou ne savent tout simplement pas quoi faire parce qu’ils ont une connaissance moins grande des nouvelles technologies que leurs enfants. Les parents doivent donc se rappeler qu’ils ne sont pas « dépossédés » de leur capacité d’apprendre de nouvelles choses ! Prendre le temps de s’informer leur permettra de gagner de la confiance et de les aider à superviser leurs enfants par rapport aux nouvelles technologies.

En ce qui concerne les jeux vidéo, lors de l’achat de ces jeux, les parents doivent superviser leurs enfants dans leurs choix en se familiarisant avec les cotes ESRB (voir le lien suivant). De plus, les consoles de jeux vidéo permettent maintenant de configurer des paramètres de contrôle parental pour ainsi limiter l’accès des enfants aux jeux violents ou pour adultes.

Il s’avère également important de vérifier les contenus publiés en ligne à propos de soi. Il est recommandé que les enfants et les adolescents utilisent des pseudonymes lorsqu’ils sont en ligne au lieu de dévoiler leur identité réelle (internetsanscrainte.fr).

Enfin, il est capital que l’ordinateur à la maison soit placé dans une pièce commune pour permettre une supervision plus adéquate de la part des parents. Les parents peuvent aussi baliser le temps de connexion (p. ex. la durée, la fréquence, les moments dans la journée, les jours dans la semaine, etc.). Les jeunes pourront ainsi apprendre à varier leurs activités.


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